"regarde maman ! je danse !" si vous avez un jour la chance de croiser cette pièce ...
De l''art comme on en voudrait tout le temps ...de celui qui te fait te poser des questions, réfléchir sur la condition humaine ! tu pleures ! tu ris ! Grandiose ...
"Elle s'avance jusqu'au bord de la
scène : cheveux teints, grand corps amolli et pieds tortueux. La
lumière ne fait rien pour adoucir l'image. Vanessa Van Durme, populaire
actrice gantoise, lance au public qu'elle a 60 ans bien sonnés et le
montre. Ce qu'elle a à nous dire est de cet acabit : des bribes de
vérité toute crue sur sa vie pas courante. Accoudée au Formica d'une
table, drapée dans sa combinaison de Nylon rose, elle commence par
parler de la condition féminine. Puis son analyse railleuse de la
société d'aujourd'hui vient buter brutalement sur une question intime
qu'elle murmure l'air de rien... Ai-je fait le bon choix, finalement,
dans les années 1970, de me faire opérer pour devenir une fille ?
Vanessa la géante aux pieds nus remonte alors le fil de son drôle de
voyage. Jusqu'au paradis de l'enfance, où, dans le secret du giron
maternel, le petit garçon d'autrefois se rêvait princesse plus que
pirate. Jusqu'aux incertitudes cruelles de l'adolescence. Jusqu'aux
premiers ratages du jeune acteur qui aurait préféré être Juliette plutôt
que Roméo. Dans un angle du plateau, une image : deux poupées fille et
garçon symbolisent les pôles féminin et masculin. Posés comme de petits
dieux lares, ils la narguent au lieu de la protéger... « ??a n'a rien à
voir avec le sexe, c'est dans la tête : ce sont les genres qui
s'emmêlent chez moi », souffre Vanessa sur scène. Comme elle a souffert
dans la vie...
Après s'être prostituée, après avoir écrit des scénarios de feuilletons
télé, Vanessa Van Durme est revenue au théâtre grâce aux metteurs en
scène flamands Arne Sierens et Alain Platel, qui lui avaient offert, à
Avignon, en 1999, un rôle épique dans Tous des Indiens. Et puis lui est
venue l'idée d'un livre à la première personne, bientôt décanté en cette
performance théâtrale qu'elle tourne dans quatre langues, en Europe et
aux Etats-Unis, depuis novembre 2005. Vanessa Van Durme est la plus
émouvante des femmes quand elle se risque dans une silencieuse tension
au jeu de la confession. Mais, parfois, la « grande gueule » qu'elle est
reprend le dessus, profère des formules à l'emporte-pièce et construit
un peu artificiellement son personnage de provocatrice écorchée... Comme
si elle craignait soudain de perdre le public, alors que c'est en
laissant voir sa fragilité qu'elle bouleverse."